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Attristé ...

  • Photo du rédacteur: Bastien Montes
    Bastien Montes
  • 9 avr. 2018
  • 8 min de lecture

ATTRISTÉ …

Je viens cette année de remporter pour la deuxième saison consécutive les Speed Masters, la course la plus rapide au monde, le Graal dans notre sport, et devient une nouvelle fois l’homme le plus rapide de l’année.

Et pourtant je suis bien triste.

Cela fait maintenant plus de 15ans que j’ai la chance d’évoluer au plus haut niveau dans cette magnifique discipline qu’est le ski de vitesse, mon père m’a transmis le virus depuis mes plus jeunes années, ses valeurs, et cette passion m’a tout donné: les frissons, les déceptions, les joies, les larmes, les frayeurs et les rêves. C’est ce sport qui m’a fait grandir mais ces derniers temps j’ai du mal à le reconnaître, à me reconnaître.

Nous ne sommes plus des skieurs.

J’ai rêvé à travers ce sport extrême qu’est le ski de vitesse depuis mes premières descentes sur des skis. Captivé par les vidéos de mes héros, dévalant des pentes vertigineuses, des flans de montagne, dansants tels des équilibristes à travers les bosses et les ondulations présentes sur la piste. Pour simplement tenter de prendre du plaisir, de faire le plein de sensations en se dépassant soi même; parfois en allant chercher un record, son record, et repoussant un peu plus loin les limites de notre sport.

Steve Mc Kinney, Franz Weber, Michael Prufer, Philippe Goitschel, Jeffrey Hamilton, Philippe Billy et Harry Egger étaient mes idoles. Et ces héros devaient skier fort, employer tout leur physique, leur mental, sur des runs extrêmes pour dompter les pistes de leur époque, et tenter de pousser encore un peu plus loin notre sport. 200km/h en 1978, 208 km/h en 1984, 223km/h en 1992, 233km/h en 1993, 241km/h en 1995, 243km/h en 1997, 248km/h en 1999…

Aujourd’hui, les techniques de damage ont énormément évolué, des treuils hissent les dameuses aux sommets des pistes, et les spécialistes de leur préparation

sont capables de résultats époustouflants… de vrais billards, que même dans leurs rêves les plus fou, mes héros n’auraient imaginé avoir.

Malheureusement, nous nous sommes habitués à ce confort, les skieurs on été remplacés par de simples techniciens, à peine des glisseurs, des robots. A la moindre petite bosse, à la moindre aspérité sur la piste, certains skieurs estiment le départ difficile, dangereux car ils risquent de « bouger » de leur position optimale, de ne pas pouvoir être parfait, posés comme sur des rails, sur un coussin. Alors certaines départs sont abaissés pour préserver ces « papy’s skieurs » accros au confort, les vitesses sont bridées, certains runs annulés.

Où est passé le skieur qui est en nous ? Ne sommes nous plus capables de dévaler ces pentes comme nos anciens héros? Que doivent il se dire ?

Le vent est un critère complètement différent. Une norme existe dans nos règles, et il est évident que la moindre rafale venant du côté en pleine descente prend appuis sur nos ailerons (proposant une surface de plus de 30cm de large sur la hauteur du tibia), et est capable de déséquilibrer le coureur sans qu’il ne puis s’en rendre compte, y faire face.

Mais cette petite bosse d’à peine quelques cm, cette piste légèrement gelée, cette compression à peine perceptible…

Ces dernières années, seul le Speed Master nous permet de réaliser des vitesses au delà des 200km/h. Seuls les meilleurs skieurs de vitesse au monde sont invités, des privilégiés. La piste de Vars est juste incroyable, l’organisation nous met dans des conditions idéales, sur la piste la plus rapide mais surtout la plus « safe » de l’histoire. Je m’entraine de longues heures physiquement, je me forge un mental d’acier, je travaille toute une année pour pouvoir enfin réaliser ces hautes vitesse, juste pour être là, prendre le départ.

Pour rien au monde je ne raterai cette évènement.

Ce que je ressens ? Je ne sais pas trop… Mais comment je me sens ? Plus vivant que jamais!! Quand je suis sur mes skis à plus de 200, je suis dans un autre monde. C’est mon élément. J’ai parfois l’impression qu’il faut que je sois au delà pour respirer…

Et certains changements de mentalités sont en train de tuer notre sport, de mettre fin au jeu, de nous priver de nos rêves.

Malheureusement c’est aujourd’hui que ces mots doivent sortir, à Vars ou je suis comme chez moi, là ou mon père a décidé de m’accompagner dans ma passion, dans laquelle mon petit frère Jimmy m’a rejoint, où j’ai grandit au contact de celle que j’estime comme ma deuxième famille avec les frères Billy, sur la plus belle piste au monde.

On nous a empêché aujourd’hui de réaliser un run depuis le sommet de la piste car le record ne pouvait pas être battu et on ne souhaitait pas prendre de risque inutilement.

Il y a quelques semaines, en Suède, lors d’une étape de Coupe du Monde, certains skieurs se plaignaient de l’état de la piste, difficile à skier, anormal selon eux.

Sur d’autres courses, des skieurs ont émis le souhait d’annuler une manche, prétextant des conditions de pistes difficiles, de peur de ne pas pouvoir réaliser le run parfait et perdre des points au classement général.

Ou sont nos valeurs ?

Heureusement je gagne ce Speed Master et je peux librement dire ce que je pense, sans passer pour le « mauvais joueur ».

Je ne suis pas seulement la pour aller chercher un record du monde.

Je suis avant tout la pour prendre du plaisir, me dépasser, pour profiter de la chance de réaliser un maximum de runs à plus de 200km/h, pour réaliser de belles courses à haute vitesse, pour ce sport qu’est le ski de vitesse, pour ma passion.

La piste aujourd’hui était un billard, bien plus facile qu’il y a quatre ans ou une tentative de record du monde a été envoyée depuis le sommet dans un vrai champs de mine. Seuls les 5 meilleurs skieurs s’étaient élancés, on avait vraiment du skier ce jour là. Nos positions n’étaient pas parfaites, nous avions du nous adapter au terrain, mais nous étions heureux, nous étions encore de vrais skieurs.

Que s’est il passé ?

Messieurs les organisateurs, mes amis skieurs de vitesse, profitons de cette chance qui nous est donnée de vivre notre passion, faites nous encore rêver, arrêtons de fermer les yeux, SKIONS !

A vous les coureurs, que pensez vous de cette situation? Personne ne donne jamais son avis sauf pour tenter d’influencer un jury en sa faveur en coupe du monde.

Est ce ce ski de vitesse pour « papy’s » que vous souhaitez continuer à défendre ?

Certes il y a des courses à 180 km/h, des courses à 250 km/h, des pistes préparées comme des billards, d’autres demandant un vrai engagement, du ski pur et dur. Pour moi c’est l’ensemble qui représente le ski de vitesse !

Mais Je ne laisserai personne gâcher mon rêve

////////ENGLISH TRANSLATE. (sorry it's a GGl translate) ///////

SAD ...

-

I have just won, for the second consecutive season, the Speed ​​Masters, the fastest race in the world, the Grail in our sport, and once again becomes the fastest man of the year.

And yet I am very sad.

-

It's been over 15 years that I have the chance to evolve at the highest level in this magnificent discipline that is speed skiing, my father has transmitted the virus since my youngest years, its values, and this passion gave me everything: thrills, disappointments, joys, tears, scares and dreams. It is this sport that has made me grow, but on this moment, I have trouble recognizing it, recognizing myself.

-

We are no longer skiers.

I dreamed through this extreme sport that is speed skiing since my first ski descents. Captivated by the videos of my heroes, tumbling down vertiginous slopes, mountain flanks, dancing like tightrope walkers through the bumps and undulations present on the track. To simply try to take pleasure, to fill up the sensations by going beyond oneself; sometimes by breaking a record, his record, and pushing a little further the limits of our sport.

Steve Mc Kinney, Franz Weber, Michael Prufer, Philippe Goitschel, Jeffrey Hamilton, Philippe Billy and Harry Egger were my idols. And these heroes had to ski hard, use all their physics, their minds, on extreme runs to tame the tracks of their time, and try to push a little further our sport. 200km / h in 1978, 208km / h in 1984, 223km / h in 1992, 233km / h in 1993, 241km / h in 1995, 243km / h in 1997, 248km / h in 1999 ...

Today, grooming techniques have evolved enormously, winches hoist snow groomers to the top of the slopes, and specialists in their preparation are capable of amazing results ... real billiards, that even in their craziest dreams, my heroes would have imagined to have.

-

Unfortunately, we got used to this comfort, the skiers were replaced by simple technicians, just sliders, robots. At the slightest hump, the slightest roughness on the track, some skiers feel the start difficult, dangerous because they may "move" from their optimal position, not to be perfect, placed on rails, on a cushion . So some starts are lowered to preserve these "grandpa's skiers" addicted to comfort, the speeds are restrained, some runs canceled.

Where is the skier in us? Are we no longer able to hit these slopes like my old heroes? What must they say about it?

The wind is a completely different criterion. A standard exists in our rules, and it is obvious that the slightest gust from the downhill side takes support on our fairings (offering a surface of more than 30cm wide on the height of the shin), and is able to unbalance the runner without him realizing it, face it.

But this little bump of just a few cm, this slightly frozen track, this compression hardly noticeable ...

-

In recent years, only the Speed ​​Master allows us to achieve speeds beyond 200km / h. Only the best speed skiers in the world are invited, privileged. The Vars track is just incredible, the organization puts us in ideal conditions, on the fastest track but especially the most "safe" in history. I train long hours physically, I forge a mental steel, I work a year to finally achieve these high speeds, just to be there, take the start.

For nothing in the world I will miss this event.

What I feel ? I do not know ... But how do I feel? More alive than ever !! When I'm on my skis over 200, I'm in another world. This is my element. I sometimes feel that I have to be beyond to breathe ...

And some changes of mentality are killing our sport, ending the game, depriving us of our dreams.

-

Unfortunately it is today that these words must come out, in Vars where I am like at home, where my father decided to accompany me in my passion, in which my little brother Jimmy joined me, where I I grew up in contact with the one I consider as my second family with the Billy brothers, on the most beautiful track in the world.

We were prevented today from running a run from the top of the track because the record could not be beaten and we did not want to risk unnecessarily.

A few weeks ago, in Sweden, during a World Cup stage, some skiers complained of the condition of the track, difficult to ski, abnormal according to them.

In other races, skiers have expressed the wish to cancel a round, claiming difficult track conditions, for fear of not being able to achieve the perfect run and lose points in the general classification.

Where are our values?

Fortunately I win this Speed ​​Master and I can freely say what I think, without going for the "bad player".

I am not only there to go for a world record.

First and foremost, I'm here to take pleasure, to surpass myself, to take advantage of the chance to make the most runs at more than 200km / h, to make great high-speed races, for the sport of speed skiing, for my passion.

The track today was a billiard, much easier than it was four years ago or a world record attempt was sent from the top in a real minefield. Only the top 5 skiers had started, we really had to ski that day. Our positions were not perfect, we had to adapt to the terrain, but we were happy, we were still real skiers.

What happened ?

-

Gentlemen the organizers, my speed ski friends, take this opportunity to live our passion, let us dream again, stop closing our eyes, LET'S SKI!

To you runners, what do you think of this situation? Nobody ever gives his opinion except to try to influence a jury in his favor at the World Cup.

Is this speed ski for "grandpa's" that you want to continue to defend?

Certainly there are races at 180 km / h, races at 250 km / h, tracks prepared as billiards, others asking for a real commitment, skiing pure and hard. For me it's all that represents speed skiing!

But I won't let anyone spoil my dream.

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About Me

Je suis un skieur de vitesse Français, accro aux sports extrêmes, voyageant à travers le monde. Champion du monde 2017, et skiant à plus de 251 km/h. 

"From mountain to the wave"

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